FAUT-IL REFORMATER UN DISQUE DOUTEUX ?
Résumé pour ceux qui sont pressés :
Lorsqu’un disque a présenté une défaillance mécanique, ou subi une perte de donnée inexpliquée, il est fortement déconseillé de continuer à l’utiliser.
Pour ceux qui veulent plus de détails :
La fiabilité des disques se dégrade de jour en jour, tous les gens qui travaillent à la récupération des données le savent bien, un disque aujourd’hui c’est un peu la loterie… Le Serial ATA (SATA), qui s’annonçait en théorie plus fiable d’après la presse spécialisée lors de son lancement, est finalement logé à la même enseigne.
Question fiabilité, les disques d’aujourd’hui ne valent plus rien et à tous les sens du terme. Mais il est vrai qu’en contrepartie ils sont devenus extrêmement bon marché, même à grosse capacité, ce qui met la sauvegarde, devenue indispensable avec OSX, à la portée de tous.
Paradoxallement, ceux qui prennent soin de profiter de la baisse des prix pour se faire un système de sauvegarde sont encore une minorité.
Chez Macosassistance les utilisateurs victimes de défaillances de disques durs, insistent souvent, malgré nos conseils, pour qu’on reformate leur disque à tout prix et qu’on remette les données récupérées dessus.
Ceci nous pose des problèmes au quotidien et j’aimerais vous conter l’un d’eux qui symbolise bien le malaise de la mentalité de notre époque.
J’ai eu récemment un litige (eh oui, nous aussi) avec un client de mauvaise foi. Il avait perdu « toute sa vie » , ce sont ses mots, nous lui avons tout récupéré pour beaucoup moins cher qu’il aurait payé ailleurs. Evidemment, nous lui avons proposé un disque neuf : il a hurlé au scandale car trop cher ! Il exigeait que nous le lui vendions au même prix que les vendeurs sur stock. Pour les néophytes, le vendeur sur stock, c’est le discounter : « prenez mon matériel, payez-le de suite et surtout en cas de problème ne venez pas me casser les pieds. Vous devrez dans ce cas téléphoner vous-mêmes au fabricant pour le faire changer en ayant rempli au préalable les vingt formulaires nécessaires pour le récupérer, dans six mois, si tout se passe bien ! » Je lui ai donc très calmement et gentiment expliqué que nous achetions les disques par dix, que nous allions les chercher, que nous les vérifions immédiatement (1 sur 8 est défaillant) que tout ceci a un coût plus élevé que le prix du disque lui-même, car un disque de 250 Go vaut à l’achat une centaine d’Euros HT = peanuts. J’ai ajouté que le simple fait que nous le lui vendions nous engage moralement le livre d’or témoignant de la moralité de la maison… Il a refusé catégoriquement le deal et est reparti très mécontent avec son disque reformaté… qui a rendu l’âme quelques jours plus tard. Bien sur, pas le moindre remerciement ni compliment pour lui avoir sauvé « toute sa vie » Il a eu le toupet de revenir à l’atelier deux jours plus tard, exigeant une nouvelle récupération gratuite sous prétexte de faute professionnelle parce que nous n’avions pas assez insisté la première fois ; c’est amusant !
Voilà, à la suite de cet incident, qui n’est pas le premier, nous avons décidé de faire signer une décharge à tous nos clients qui souhaiteraient réutiliser un disque douteux. Une simple signature apposée sur cette chronique imprimée suffira. Ce n’est pas seulement pour nous protéger mais surtout pour sensibiliser les utilisateurs sur le fait qu’il est imprudent de reformater un disque qui a présenté des problèmes graves et anormaux, et que même si c’est possible, notre devoir est de dire que ce n’est pas une solution raisonnable. Il y a en effet une disproportion importante entre le prix d’un disque neuf et le prix d’une récupération de données.
Notre devise est simple : le marché nous propose pour “une poignée de cous” des disques-kleenex ? au premier incident direction la poubelle ! Notez que ce disque reformaté pourrait très bien servir de sauvegarde de sécurité, mais ceux qui exigent par économie qu’on reformate leur disque au lieu de le changer et de mettre le douteux en sauvegarde, sont souvent les mêmes qui justement n’ont pas de sauvegarde et qui contestent les prix élevés de la récupération de données, en oubliant toujours qu’ils sont seuls responsables de la perte de leurs datas ! Il est tellement plus facile, quand on fait une connerie, de culpabiliser ceux qui essayent de la réparer…
“De nos jours, une telle honnêteté et un tel professionnalisme sont rares…”